Pilar du Breuil

Les chemins du temps
9 au 30 avril 2022


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Pilar, dis-moi… Tout est parti du premier confinement. Nous étions en guerre, nous disait le Président, et il fallait attendre que le temps passe. La plupart des Français n’avaient jamais vécu une telle situation, et tu as commencé à remonter le temps, à revenir en arrière.

À dix ans, tu as fait ton premier voyage en train toute seule, tu as dû attendre longtemps avant que le train arrive. Ce train s’acheminait, sans que tu le saches, vers une destinée qui allait changer ta vie d’enfant, d’adolescente et donc d’adulte. La nuit, tu ne dormais pas de peur d’entendre s’ouvrir la porte de ta chambre… Tu aurais voulu que le temps passe plus vite, que ta mère vienne te chercher pour te ramener à la sécurité de ton village. Les minutes, les heures, les jours n’en finissaient pas de finir. Un beau jour, tes parents ont décidé de quitter leur village pour la ville et, là encore, curieusement, les aiguilles de l’horloge, censées tourner à un rythme imperturbable, avaient décidé de rester immobiles, juste pour t’embêter.

Quelques années plus tard, après avoir attendu si fortement que le temps passe, te voilà partie pour Paris. Et puis retour chez toi, à Valladolid, puis de nouveau à Paris, et ainsi de suite pendant des années. Dans le train, durant tous ces voyages, tu as eu le temps de penser au temps.

Le travail que tu présentes aujourd’hui est une compilation des moments de ta vie où le temps s’étire, se prolonge une heure, une minute, une seconde, toute une vie.

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